INTERVIEW DONNEE PAR M.CHELLI A S.TISSEGUINE
DU JEUNE INDEPENDANT
DE KABYLIE
Parue
en partie le 03 mars 2003
TEXTE
INTEGRAL
S.T : Qu'est ce qui vient d'arriver à l'Algérie
?
Comme tous les algériens,vous venez de prononcer le mot " ALGERIE
". Moi,je me demande combien d'algériens connaissent réellement l'histoire de
ce mot.
Sans vouloir donner un cours d'histoire,je donnerai,quand
même,quelques repères pour orienter le lecteur.
Nous devons la fondation
de la ville d'Alger à Bologhine ben Zirri de la dynastie bèrbère des zirrides il
y'a un peu plus de mille ans. C'est donc à cette racine qu'il faudra
rattacher l'éthymologie du mot " Algérie " et non aux iles comme ont voulu nous
le faire croire certains auteurs.
Après le débarquement des français à
Sidi-Ferruch en juin 1830 et la prise d'Alger le 05 juillet 1830,les militaires
français,dans leur conquête de ce vaste territoire compris entre le Maroc d'un
côté et la Tunisie de l'autre côté,suggèrerent,dans leurs rapports l'appelation
" Algérie ".
Napoléon finit par donner par decret acte de naissance au
mot " Algérie " et par la même occasion à ce territoire dénommé
Algérie.
Cette réalité historique est méconnue du peuple.
Après
avoir signé la naissance de ce territoire,il a fallu l'organiser.De sa politique
de royaume arabe au début,la France nous a laissé en 1962 un système de
gouvernement basé sur un centralisme jacobin.
Après nous avoir appelé des
arabes,des indigènes,des français,nous voilà maintenant des algériens comme si
nous n'avons pas une identité plusieurs fois millinéaire.
Nous voilà donc
en 1962,une année chargée d'histoire,une année qui à elle seule aurait pu faire
l'objet d'un module d'histoire. Après la signature des accords connus sous le
nom des accords d'Evian le 18 mars 1962 et le référendum du 01 juillet
1962,l'indépendance de ce térritoire appellé " Algérie " a été proclamé
officielement le 03 juillet 1962. Aujourd'hui on s'interroge sur la date du
05 juillet qui a été retenue comme jour férié et chômé pour la fête de
l'indépendance.
Cette année là,les artisans de cette indépendance,au lieu
de s'atteler à la réalisation des idéaux du 01 novembre 1954,ont versé dans la
course au pouvoir pour le pouvoir qui s'est soldé par un affrontement armé et
fratricide et qui a laissé des sequelles.
Le G.P.R.A qui devait tout
naturellement prendre le pouvoir s'en trouve écarté.Le peuple vient d'être
spolié de son indépendance.Dès lors plus rien ne va malgré le platrage opéré
entre 1962 et 1963.Ce consensus a volé en éclat quand fut imposé le texte de
constitution concocté dans une salle de cinéma par le pouvoir
éxecutif.
Le coup de force opéré en 1965 n'a rien arrangé non plus.Il a
plutôt donné naissance à un pouvoir despotique s'appuyant sur un centralisme
jacobin. Le parti unique est devenu la colonne vertebrale de ce régime.C'est
l'ère de la pensée unique et de la normalisation.La liberté d'expression est
mise sous contrôle.Les repères sont détruits.Tout est fait pour réussir la
politique de Napoléon de royaume arabe.
Une atteinte grave a été porté à
notre identité.
Face à cette oppression,la kabylie s'est soulevée en 1980
mais le pouvoir central a joué la division du peuple pour se maintenir.Il est à
noter que ce soulevement a eu lieu à un moment où le pouvoir s'est choisi un
successeur au défunt chef d'état.
En octobre 1988,à l'approche d'échance
éléctorale importante un autre soulèvement à Alger cette fois-ci a été réprimé
dans le sang. Pour calmer les esprits,le pouvoir concède,par révision de sa
constitution,une fenêtre démocratique qu'il a vite fait de refermer en 1992 par
l'instauration de l'état d'urgence.
A cette illigitimité du pouvoir
central,il faut ajouter une situation économique catastrophique qui a obligé à
une forte dévaluation et une inflation galopante.Le risque d'une explosion
populaire est à son optimum.
C'est dans cette conjoncture qu'on a assisté
à l'arrêt du processus éléctoral avec ses conséquences et l'assassinat de feu
Boudiaf.
Le climat d'insécurité qui s'en est installé a déplacé les
préoccupations.Le pouvoir d'achat est devenu un soucis secondaire devant la
mort.
Le pouvoir est maintenant face à un autre problème celui de la
gestion d'une situation sécuritaire.Dans cette situation,c'est le dossier des
disparus qui est devenu la pomme de discorde.
C'est dans ce contexte que
le seul président de la republique démocratiquement élu en 1995 a été contraint
à la démission après l'assassinat de feu Matoub Lounès.
Après cet
assassinat,la kabylie s'est soulevée pour crier sa colère mais comme en 1980,la
kabylie seule n'a pas pu faire ébranler ce pouvoir.
Après la mascarade
éléctorale de 1999 qui a vu l'intronisation d'un autre chef d'état qui avait
promis la vérité sur l'assassinat de Matoub Lounès,la paix et la prospérité,nous
voilà en 2001 sans vérité,sans paix,sans prospérité mais avec toujours des
morts.
L'assassinat à Beni-douala,terre de Lounès Matoub,du jeune Guermah
a embrasé toute la kabylie.
Contrairement à ce qui s'est passé en
1980,1988 et en 1998,cette fois-ci,le soulèvement a été pris en charge et
encadré par des délégués organisé en mouvement populaire et citoyen.C'est cette
organisation horizontale qui a réussi à drainer dans la capitale plus de trois
millions de personnes le 14 juin 2001.
Dans une véritable
démocratie,aucun pouvoir n'aurait résisté à un tel ras de marrée
humaine.Depuis,nous vivons un affrontement entre un pouvoir qui s'obstine à se
maintenir et un peuple décidé à reconquerir sa souveraineté.
Cette
situation interieure se conjugue avec une conjoncture internationale
caractérisée par la chute du mur de Berlin et la remise en cause des accords de
YALTA pour un nouvel ordre économique mondial.
Ce nouvel ordre économique
mondial est basé sur le contrôle de ce qu'il est convenu d'appeler les armes
propres et l'abondon du nucléaire utilisé à des fins militaires.
Comme
armes propres,on distingue l'arme alimentaire,l'arme médiatique et l'arme
énérgétique.
Dans le cadre de la stratégie de contrôle de ces armes
propres,nos réserves importantes de gaz attirent à la fois les américains et les
européens.
Chacune de ces deux puissances travaille à porter ou à garder
au pouvoir ses alliés pour s'assurer le contrôle de cette énergie que possède
notre pays.
A la lumière de tout le developpement que je viens de
faire,pour répondre à votre question,je dirai que ce qui est arrivé à notre pays
est la conséquence de la confiscation de la souveraineté populaire. Ce
despotisme fragilise la souveraineté nationale et pourrait être le pretexte à la
puissance internationale pour intervenir comme en yougoslavie ou en
Irak.
C'est pourquoi,dans l'intérêt de notre pays et en mémoire à nos
chouhada,il est urgent que le pouvoir central redonne au peuple sa souveraineté
en lui permettant de s'organiser librement et dignement.
S.T: En
septembre 2002,vous avez présenté sur le plateau de B.R.T.V une formule de
gouvernance.Pourriez-vous la détailler un peu ?
La proposition dont vous
parlez,bien que formulée seulement en septembre 2002 est en réalité le fruit
d'une longue reflexion commencée après la repression qu'a subie la kabylie en
1980. Je venais de rentrer de l'étranger après une formation de cadre pour le
compte de la sonelgaz. Ce que j'ai vu durant les évenements et ce que j'ai
vécu dans mon travail m'ont permis de comprendre que le pays va mal.
J'ai
donc repris le chemin de l'étranger avec dans ma tête cette question : Comment
aider mon pays pour guérrir de cette maladie qui le ronge ?
Durant la
décennie que j'ai passé à l'étranger,je n'ai pas manqué une occasion pour me
documenter et chercher la réponse à ma question.
Quand en 1990 j'ai
terminé mon D.E.S.S et avec la fenêtre démocratique qui venait de s'ouvrir dans
mon pays,je rentre de nouveau avec l'espoir de servir ma patrie.
Je suis
convaincu que le salut pour notre pays réside dans son système d'organisation à
la base.
Il y'a donc necessité d'assoir une démocratie à la base,une
démocratie telle que l'ont pratiqué nos ancêtres depuis des millinéaires.Bien
sûr,cette organisation doit être actualisée pour tenir compte des réalités
d'aujourd'hui.Au village,il faut ajouter le quartier dans les villes et parfois
le douar dans certains villages.
Pour celà,les assemblées de villages ont
été réactivées et certains villages ont été fédérés dans une structure dénommée
Fédération des Villages Oubliés.
L'arrêt du processus éléctoral en 1992 a
stoppé net ce projet d'organisation à la base avec pratique de la réelle
démocratie.
Ces structures ont été à nouveau réactivées en mai 2001 pour
rejoindre,dans la transparence et en toute démocratie,le grand mouvement
populaire naissant.
La proposition que j'ai donc formulée en septembre
2002 sur le plateau de B.R.T.V s'articule autour d'une réalité nationale,d'un
vécu millinéaire et d'un constat d'echec d'un système hérité du
colonialisme.Elle consiste à batir,à partir de l'unité de base qu'est le
village,le douar ou le quartier,une autre forme d'organisation qui débouchera
sur un fédéralisme ayant pour base fédérale la wilaya historique.Ainsi nous
aurons une confédération composée de six fédérations.
Chaque wilaya
historique sera alors élevée au rang de fédération.
La commune sera
composée d'un ensemble de villages,de douars ou de quartiers .
Le aarch
sera composé d'un ensemble de communes ( Il y'a lieu ici de revoir le découpage
des dairas pour tenir compte de l'organisation ancestrale.)
La wilaya
actuelle sera composée d'un ensemble de aarchs.
La fédération sera
composée d'un ensemble de wilayas actuelles dans les limites de la wilaya
historique.
La confédération sera formée par l'ensemble des
fédérations.
La confédération étant une structure modulable se prête
facilement pour prendre en compte les bouleversements qui toucheront le
continent africain.IL sera ainsi aisé de réaliser l'unité d'antan.
Quant
à la gouvernance,elle repose sur le principe de la souveraineté
populaire.
Chaque village,douar ou quartier se choisira,en assemblée
générale,un representant et un suppléant pour former l'assemblée communale qui
se réunira de façon souveraine pour se doter de son éxecutif et de ses
commissions.
Pour les assemblées au niveau du aarch,de la wilaya,de la
fédération et de la confédération,il y'a lieu d'opter pour le suffrage
indirect.
Chaque assemblée communale se choisira un représentant et un
suppléant à l'assemblée aarch.
Chaque assemblée aarch se choisira un
représentant et un suppléant à l'assemblée de wilaya.
Chaque assemblée de
wilaya se choisira un représentant et un suppléant à l'assemblée
fédérale.
Chaque assemblée fédérale se choisiura un représentant et un
suppléant à l'assemblée confédérale.
Quant aux prérogatives de chaque
assemblée,elles sont hiérarchisées.
Les affaires de souveraineté
nationale sont du ressort de la confédération.
Tout le reste sera du
ressort de la fédération.
Reste maintenant le problème d'approbation et
de la mise en application de cette proposition.
Trois voies sont
possibles.L'une s'appuyant sur la souveraineté populaire,la deuxieme relève de
la volonté du pouvoir actuel et la troisieme par l'instauration d'un état
d'exception.
La première voie,bien que souveraine risque de déboucher sur
un affrontement entre le peuple et le pouvoir dans le cadre d'une
insurrection.
La troisième nous place dans une situation d'exception avec
toutes les dérives que cela puisse comporter car dans ce cas le pouvoir
d'exception aura à légiférer par ordonnance jusqu'à la mise en place de toutes
les structures de la confédération avec à la clef une nouvelle constitution
consacrant la souveraineté populaire.
Quant à la deuxième voie,elle
présente moins de risques mais elle est tributaire de la volonté des trois
pouvoirs ( le pouvoir historique,le pouvoir militaire et le pouvoir de
l'executif ).Dans ce cas,il faudra dans un premier changer la loi éléctoral et
redefinir le découpage des dairas pour procéder à la formation des assemblées
communales,aarchs et de wilaya.A ce stade d'organisation il y'a lieu de modifier
la constitution pour l'adapter à la nouvelle forme d'organisation puis former
les assemblées fédérales et l'assemblée confédérale.
La première tâche de
cette assemblée confédérale sera l'élaboration d'un projet de la nouvelle
constitution qui sera soumis au peuple.
Pour ma part,je souhaiterai une
transition de velours qui ne dépend que de la volonté du pouvoir actuel de
réformer en usant de ses pouvoirs législatifs et executifs.
Si la
France,pour des raisons inhérentes à sa stabilité a besoin du passage par la
régionalisation pour aboutir au fédéralisme qui sera probablement retenu comme
système d'organisation dans l'union européenne,nous,non seulement,nous pouvons
mais nous devons nous passer de cette étape de régionalisation car nous n'avons
ni la stabilité de la France ni sa position.
Après quarante années de
gachis,nous devons gagner du temps en optant d'ores et dèja pour le modèle
d'organisation qui sera la référence internationale dans les decennies à
venir.Nous devons dès maintenant nous inscrire dans l'avenir.
S.T: Nous
savons que vous êtes délégué du aarch n'ath wagnun.Pourriez-vous nous donner les
raisons et le bilan de votre implication.
Comme beaucoup,j'ai souffert
l'injustice,j'ai subi les harcelements administratif et judiciaire et l'abus de
pouvoir.Pour survivre,j'étais contraint de retourner à l'étranger.J'étais très
sensible à ce qui venait d'arriver à ma patrie en ce printemps 2001.
A
Strasbourg,siège du parlement européen,où je me trouvais en ce moment là,avec un
groupe d'amis,nous avons initié un rassemblement suivi d'une marche pour
dénoncer cette reppression féroce qui s'abattait sur notre jeunesse en
kabylie.
De retour dans mon village juste après cette action,j'ai,de par
le travail qui a été fait depuis 1990,été mandaté pour être délégué de mon
village et porte-parole de la Coordination Communale des Comités de Villages de
Ouaguenoun ( C.C.C.V.O ). C'est à ce titre que de mai à juillet 2001,j'ai
assisté à la plupart des conclaves. Au conclave d'Azzazga,j'ai été frappé par
le niveau intéléctuel des délégués.Les débats étaient fructeux et sereins malgré
la présence de pseudo-délégués qui voulaient verticaliser le mouvement pour
mieux le contrôler.C'est dans ce conclave que nous avons définitivement scellé
le principe de l'horizontalité.C'est aussi dans ce conclave qu'est né le concept
de l'inter-wilaya.C'est également dans ce conclave qu'a été arrêté la date du 14
juin pour la marche d'Alger. Ceux qui ont voulu caporaliser le mouvement ont
été dénoncé et démocratiquement combattu par le verbe.
Au conclave de
Tizi-Rached de juin 2001 consacré à la structuration,ma proposition de doter le
mouvement d'une commission de contrôle de la structuration a été repoussée.Est
également repoussée ma proposition d'abondonner la structure de daira car elle
est incompatible avec la structure en aarch.Avec le rejet de ces deux
propositions,le mouvement vient d'être fragilisé.
C'est aussi à
Tizi-Rached que la première plate-forme a été rejetée pour être remplacée par
celle qui est connue sous le noms de la plate-forme d'El-kseur.
La marche
du 14 juin 2001,nous l'avons préparée dans les moindres détails bien qu'une
interrogation demeurre quant à l'objectif réel de cette
marche.
Officiellement,c'était la remise de la plate-forme à la
présidence de la republique. Pour ma part,j'étais persuadé que nous allons à
Alger pour faire vaciller le pouvoir. Un pouvoir qui a tiré sur ses enfants
doit tomber.
Dans nos préparatifs,nous avons commis deux erreurs qui ont
été exploitées en trahison. Nous n'avons pas tenu compte que durant le trajet
les délégations pourraient se mélanger et nous n'avons pas envisagé une
véritable stratégie en cas de repression.
La première faille a été
exploitée par les étudiants d'Alger qui s'étaient proposés et retenus pour
assurer et organiser l'accueil et le stationnement au niveau des pins maritimes
au fur et à mesure de l'arrivée des délégations. A notre arrivée,il n'y avait
personne pour organiser l'arrivée aux pins maritimes.D'où une anarchie et
l'impossiblité aux délégations d'arriver avec leurs moyens de transport ,donc
impossible aux carrés de se former.
La deuxième faille a été exploité par
un délégué de Bouzeguène qui,après le déclenchement de la représsion à la place
du premier mai, a pris son téléphone portable pour demander aux délégations
arrivantes de faire demi-tour ce qui avait pour effet de démoraliser les autres
marcheurs et d'abonner des délégués aux prises avec les forces de
repression.
L'objectif n'ayant pas été atteint malgré le caractère
historique de la marche,il a fallu donc revenir ultérieurement.
Alors que
la base redemandait une autre marche populaire c'est finalement la marche des
délégués qui avait été retenue malgré l'aspiration populaire.
Les
délégués qui ont pratiquement imposé cette option,l'ont ils fait par conviction
ou ont ils été piégé par le pouvoir ?
Le comité technique,de préparation
de cette marche de délégués,issu de l'inter-wilaya de Bougie s'est octroyé des
prérogatives à la place du conclave.IL s'est auto-proclamé pare-choc de la
marche et seul interlocuteur avec le pouvoir. Un pare-choc de la marche qui
s'est trouvé à Alger la veille de la marche. Un interlocuteur qui était
absent là ou on avait besoin de lui c'est à dire là ou les délégués étaient
bloqués.
Pour cette marche,nous avons arrêté la décision de ne pas
revenir si l'objectif n'était pas atteint.
Le 05 juillet 2001,jour de la
marche,nous n'avons pas pu dépasser Thénia tellement le dispositif était
important.Nous avons observé un sit-in mais après l'action symbolique de ceux
qui étaient à Alger,ordre informel a été donner pour lever les sit-in et
rebrousser chemin contrairement à ce qui avait été arrêté démocratiquement à
savoir ne pas revenir si objectif non atteint.
Une autre trahison de
plus.
Constatant la compromission,j'étais sincèrement écoeuré mais je ne
voulais pas que notre coordination soit à l'origine de la fracture du
mouvement.
J'ai demandé à ma coordination communale d'être remplacé dans
ma qualité de porte-parole et j'ai informé de mon intention de retourner à
l'étranger.Comme le mouvement avait besoin d'une structure à l'étranger,j'ai
tout naturelement été mandaté pour être le porte-parole de notre coordination à
l'étranger.
Durant mon abscence,beaucoup de choses se sont passées.Elles
sont regrettables car elles trahissent le sang des martyrs.
La trahison
n'a pas commencé à Ouaguenoun mais elle y est arrivée au point ou en octobre
2002,nous avons évité de justesse un affrontement fratricide.
La trahison
a été aussi du côté de ces frères de sang versé par nos parents pour cette
patrie qui,après s'être servi à satiété se sont auto-proclamés délégués du
peuple pour aller négocier.
La trahison c'est aussi ceux là qui osent
proposer,parler et légiférer au nom du peuple alors que la kabylie d'où ils
tirent leur mandat n'a pas vôté aux législatives de mai 2002.
Après
ce vent de trahison,l'ère est à la repentence et à la rectitude.
J'aspire
à un ressaisissement populaire que j'appelle de tout mon voeux pourque chaque
village,douar ou quartier se reunisse librement et de façon démocratique pour
dégager délégués et suppléants afin d'aller vers cette organisation tant désirée
et réellement representative de la population.
Mon souhait est aussi que
le travail qui se fait en kabylie puisse se faire dans toutes les regions du
pays.
La plate-forme d'El-kseur étant porteuse de revendications à
caractère national,ne peut être ouverte,dans la forme,que par un conclave
inter-wilaya réellement representatif de toutes les wilayas.
C'est avec
la combinaison de toutes les volontés,qu'elles soient dans la société civile ou
dans le pouvoir que nous pourrions construire notre pays et aller vers cette
paix et prospérité tant souhaitées.
Dans cet esprit,tous les détenus du
mouvement populaire et citoyen doivent être élargis.
Doivent également
cesser les harcelements administratifs et judiciares.
La liberté
d'expression ne doit souffrir d'aucune repression.
C'est de façon
sincère,honnête et patriotique que nous pourrons reconstruire notre societé pour
ce nouveau millinéaire.
Comme bilan de mon implication dans le mouvement
vous avez carrément un projet de société.
S.T: A l'heure qu'il est,on
constate que le mouvement civil ne jouit plus de l'adhésion populaire des
débuts. A quoi cela est-il dû ?
Les apparences sont souvent
trompeuses.Si en effet les actions initiées ne drainent plus les foules du
début,c'est tout simplement une question d'organisation. Après toutes les
trahisons que j'ai énumérées,beaucoup de délégués sincères ont pris du recul et
n'attendent que le moment venu pour reprendre du terrain. Il y a aussi les
éfforts colossaux déployés par le pouvoir pour casser ce mouvement. La
gestion du pourrissement a produit de la fatigue et de l'épuisement mais le
pouvoir doit savoir qu'il a affaire à un mouvement de masse mû par l'énérgie
produite par l'injustice et piloté par une hydre à plusieurs têtes qui se
regénèrent comme un phénix.
Je peux vous assurer que dans chaque
village,douar ou quartier vivent des hommes et des femmes en qui la population a
toute sa confiance et qui au moment venu de structuration dans la transparence
seront appelés par les leurs pour les représenter dignement.
C'est vers
cette structuration à la base que doivent se consacrer les prochains
conclaves.
Une fois le mouvement restructuré,dans le respect du code
d'honneur et des principes directeurs,nous ferons à l'occasion d'une date
historique la démonstration de notre capacité intacte de mobilisation.
Je
peux vous prédire déjà que ce jour là sera inscrit dans
l'histoire.
S.T: Que pensez-vous de l'action initiée par le groupe de
dissidents où figure la figure de proue Mr Arezki Yahoui en l'occurence et qui
consiste rappelons le à s'inscrire dans ce qui est appelé la troisième voie
?
J'ai remarqué qu'en Algérie,le pouvoir,dans son entêtement
d'endoctrinement dont l'unique but est la perte de notre identité pour servir
son projet d'assimilation et d'arabisation a détruit toutes les autres langues
au point qu'il est difficile de se comprendre quand on ne parle pas
l'arabe.
Je ne connais pas de délégué dissident car ça n'a pas de
sens.
En effet un délégué c'est quelqu'un qui a reçu mandat pour une
mission donnée.Or dans le cas qui nous concèrne la mission est de representer
son village,douar ou quartier et d'être son porte-parole au sein du
mouvement. Toute dissidence doit s'exprimer à l'intérieur du mouvement et
dans ce cas elle prend le nom de courant.
Parler de dissidence à
l'extérieur du mouvement est une abérration dont seul le pouvoir a le secret.Il
n'y a que ses agents qui n'ont jamais eu de mandat et qui se sont présentés dans
le mouvement comme des délégués pour se dire délégués dissidents car en vérité
ils ne sont pas délégués par la base.
Pour certains,il est plus juste de
se dire des ex-délégués et pour les autres des usurpateurs.
Dans le cadre
de la liberté d'expression,ce groupe a le droit d'exister,de proposer et
d'initier toute action qu'il juge opportune mais en aucun cas il a le droit de
parler au nom du mouvement ni même de prétendre être dissident. Il faut
appeler un chat un chat.
Il ne faut jamais tromper
l'opinion.
Voilà pourquoi je les invite à ne parler qu'en leurs noms ou
au nom de leur groupe seulement.
J'espère qu'ils sauront écouter d'autant
que certains parmis eux ont,de par le passé, sali l'honneur des chouhada et de
leurs ayant-droits.
Monsieur Arezki Yahoui que j'ai connu dans le
mouvement est une compétence qui malheureusement a été entrainée par des
traitres. Je regrette sincèrement qu'i ait choisi cette
voie.
Ouaguenoun le 01 mars 2003.
 E-mail : ouaguenoun@hotmail.com
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